Le suintement des sentiments

claro_by_simonweaner-db4j7ly
La sanie est terrible, localisée sur ces doigts qui sifflent dans l’épais silence de mes nuits.. écrire, écrire qu’ils m’intiment.. peu leur importe le motif pourvu qu’ils s’agitent.. qu’ils s’offrent béants à la furie des métaphores et leur petite musique.. Convulsion rétinienne par la détonation mélodieuse du visible en son absence… mon heure par jour !! Précise, incisive, disposée au moindre transport, à la faveur obscure de l’enfoncement.. les mots, semblables à des âmes affamées, se frayent de menus accès aux parois embrasées d’un coeur peuplé de peurs troubles.. les mots y puisent une délectation sulfureuse à communier, patentés comme appelés, c’est à celui qui fera son plus bel effet pour les yeux de la vérité, tout grouillants d’insensibilités.. Mignards, joueurs, triviaux, à la trappe ! Ce qui suinte est tiré de l’essence, du précis, du tout net liant entre les odeurs du réel et le nécessaire à pensée.. c’est la réplétion des terreurs en maraude.. gouffre horrifiant, cité dolente, qui déconsidère la tiédeur et ne se dévoile qu’entièrement.. comminuant tout écrit qui ne criblerait pas l’apparence trompeuse des simplicités pour en révéler la sève vérace.. la granularité du sentiment.. Sentez-vous l’odeur des sensations suspendues ? Le coeur y marmonne dans la turgescence de sa chair déconfite, ce bref instant où le frisson communique.. sans faiblesse thermique.. pour l’unique plaisir de se signaler.. entre condamnés immiscibles mais fatalement liés..
Car c’est là l’injustice divine, radiante, terrifiante.. L’amas de chair grondante sera seul à décider.. ni vos cris, ni vos prières ne pourront y faire.. tout votre état de conscience tient au lacis de vos vaisseaux, aux organes gastrolâtres qui les assèchent par vagues cadencées, aux infimes entités étrangères qui prospèrent dans les univers microscopiques de votre carcasse sur le point d’être transvidée dans le corps de millions d’êtres vivants nécrophages.. N’est-ce pas la symphonie biologique portée aux nues ? Cette mécanique ironique qui permet à l’homme tout rogue bombé qu’il soit de finir bidoche pour le plus timide asticot ?

Condamné à ressentir intimement les mots.. les désirer, les écouter, les provoquer..
 

jeremy