Je nous trouverai...
Je te retrouverai.. Belle âme, je te perçois.. dans les nuits creuses qui s’amoncellent et peuplent les affres, à travers les chairs qui encerclent et recouvrent l’âme, aux portes de la cité dolente où macère le grand mal, parmi les fanions de peur qui doucement te glacent, je te perçois.. esseulée dans le maelstrom de ces voix.. qui te portent.. On est si peu, si peu de temps, pourquoi priser cette défroque que le temps, toujours, emporte ? Cédons aux adonis la matière provisoire, féroce présent aux contours griffonnés par le vivant, mouvant, transitoire.. Qu’ils s’allèchent de l’insignifiance et renoncent à l’essence.. ces muscles qui renflent, cette symétrie limée jusqu’à l’étrange, cette perfide gouaille.. Je t’imagine, Belle âme.. avertie et rayonnante, rompre leurs sorts, hâter le pas, gagnée puis dépassée par l’espoir, fouillant des yeux ce vaste choix.. où les grâces se carillonnent, où la panique coagule.. dans l’imminence des grands soirs ! Belle âme, dans le cœur de la vie, dans les vues de la fortune ou même du sourd hasard, je le sais, nous nous prédirons.. dans l’étreinte de l’évidence, quand l’âme tremble et se ressent.. glisse, se corrige, se sait entière, nette et fulgurante.. Belle âme, nos sillons vers l’unisson porteront le temps dans la gluance, cette cime délicate où les yeux fixent le présent..
Belle âme, qu’importe le jour, le lieu, le battement..
Belle âme, je nous retrouverai.. qu’importe l’imprudence..