Entracte 1/2 - Que vous compreniez.

article-jeremy
De l’encre, du papier.

Sève ténébreuse amère perfusée dans le creux de ces monstrueuses cicatrices, fibres intenses. Tout s’engouffre, s’étouffe, se fige et édifie le silence.
Pis l’écriture est l’essence de la solitude. C’est l’intime qui s’illumine et raréfie l’au-dehors, ce qui vit, réagit, terrifie. C’est ce qui nous émotionne, à travers la chair et ses entrelacs de veines acharnées, camouflées, ronflantes par milliers sans un bruit, sauf à considérer le récital du subtil.
Il s’agit de relâcher l’au-dedans, l’enduire devant soi par le jeu de doigts soumis.

Vous voilà embarqués comme je le suis.
Nous voilà condamnés dans la même vie.
A quelques encablures de l’oubli..
Inhumés dans le réduit des mugissements anonymes,
Nuée de friselis, épouvante fleurie de rimes..
Silence épris d’où se musse l’avènement de la folie..
Le temps gouttele ruisselle flue sertit.. asphyxie..
Anhélant, il appète, il aplète, tout à fait précis,
Et nous, proies orgueilleuses progressant dans le vide,
Affines avec l’errement, faisant matière du néant,
Artisonnées, émoussées, combinant pour s’échapper..
Nous, chancis dissimulés sous cette plèvre éperdue,
L’univers est enivrant, mignotés dans la nudité de sa nuit..
Dépréciés à mesure qu’il se révèle, se trahit..
Sentez-vous les jours les décours la réitération sans cours ?
Les esquisses vacillantes, les pensées infécondes, ces trompe-raison..
Goûtez-vous à ce clair-obscur, vaporeux, coulant, insoucieux..
Réplique instinctuelle au climax de l’irraison irrévérencieuse..
Qui mure, enfièvre, obombre, nous laisse sans usage..
Murmures ombreux aux voix filandreuses..
Nous, réduits à piotter dans l’obscurité insondable..
Tentant de contempler le germe isolés dans l’incommensurable..

Nous ne sommes rien mais en faisons un éminent bruit,
Notre présence, notre conscience.. ainsi soit-il ?

La folle excitation, Le fol espoir, que la contexture du hasard probable ne le soit pas.. mais observe une émouvante sensation..
 

jeremy